À propos de Solange

DATE ET LIEU DE NAISSANCE: le 18 avril 1946, à Matane, Québec. Décès octobre 1990

FORMATION: autodidacte. Elle suit des cours pour adultes en histoire de l'art au Collège de Rosemont. De 1985 à 1987, elle effectue des études et recherches à l'Université Concordia.

MÉDIUMS: huile, pastel, aquarelle, encre.

CARRIÈRE: à l'âge de 14 ans elle participe à un concours de dessin organisé par le gouvernement français, dans le cadre d'un programme d'échange. Elle gagne une bourse de 2000 francs pour poursuivre des cours de peinture en France, sans toutefois pouvoir s'y rendre. Elle sillonne le Québec et l'Ontario puis passe ensuite un an à New York afin de parfaire sa technique. Depuis 1975 elle a tenu plusieurs expositions solo, principalement à Montréal et dans les villes de banlieue. Ses plus récentes ont eu lieu au Salon des Arts de Montréal en 1984 et au Relais des Époques en 1989. En 1988, elle a participé à la Grande Visite des Peintres au Lac St-Jean. Elle est membre de l'Institut des Arts figuratifs.

COLLECTIONS: ses oeuvres font partie de diverses collections privées canadiennes, hongroises, belges, allemandes, françaises et américaines.

DISTINCTIONS: Solange St-Pierre a reçu le prix S.C.I.V.A.Q., en 1982, la consacrant peintre de l'année.

BIBLIOGRAPHIE: en 1979, elle a écrit un livre entièrement illustré "Le prince du cosmos". Elle paraît dans le film "Faut pas être fou pour peindre dehors" de Louis Bruens. Elle est aussi inscrite dans les livres suivants: Peintres de Charlevoix, 30 peintres du Québec, 52 couleurs du Québec... 52 peintres

(Extrait du Guide Vallée, 1989)

Exposition Solo

1975-Place-Ville Marie.Montréal. 1976 et 1977-Galerie Frédéric B. Montréal.

1978-La Devinière. Longueuil.

1979-Galerie Archambault. Lavaltrie. 1980-Galerie Gandalf. Montréal

1981-Galerie Clarence Gagnon. Montréal. 1982-Vieux Presbytère. St-Bruno.

1983-Galerie Minigal. Montréal

1984-Auberge des Gouverneurs.Val d'Or.Qué.

1984-Salon des Arts. Hotel Méridien. Montréal.

1985 à 1987 - Recherches et études (Université. Concordia)

Extrait d’entrevue de 1989 du livre 92 transparences de Louis Bruens

1. Quel facteur déterminant vous a incité à peindre?

Solange: Nous avions un jour reçu la visite du curé. Ma mère, qui bien sûr était fière de sa fille, lui avait alors montré mes dessins et peintures à l'eau, qu'à ma grande sur prise il apprécia; «pour la vie qui s'en dégageait» me dit-il. Ce fut ma première critique. Je me croyais au paradis! Il me donna quelques vieux tubes de peinture et deux pinceaux. Je croyais rêver... Un an plus tard, je me retrouvais à Montréal, à la conquête du «monde des arts». Je visitais les galeries d'art, à la recherche d'un emploi, mais qui aurait voulu embaucher une jeune artiste de seize ans? Le hasard a mis sur mon chemin un homme qui m'a passé une commande de billets factices représentant des visages austères. Je me suis mise à dessiner pendant la nuit, tout en continuant à travailler le jour. Mes dessins furent acceptés; on m'en offrit deux dollars pièce. Folle de joie, j'ai décidé à ce moment précis que ma passion allait devenir ma carrière. Je ne me suis plus jamais arrêtée depuis...

2. Quelqu'un dans votre vie a-t-il tenté de vous dissuader d'embrasser la profession d'artiste peintre?

Solange: Oui, plusieurs. Il y eût d'abord mes «<futurs maris>>, que je n'ai jamais épousés d'ailleurs... Puis les «amis de bon conseil», qui ne sont plus mes amis...

3. Si l'aquarelle (ou le pastel) est votre médium préféré, pourquoi?

Solange: Le pastel sec, car il exige une certaine sensibilité du bout des doigts. Selon les différentes pressions exercées par la main de l'artiste, il relie bien la matière et l'esprit qui cherche à le dominer. Le pastel exprime bien mes humeurs; il passe de la couleur violente à des couleurs plus atténuées. Le «flou» qui traduit le rêve par sa transparence et par sa douceur.

4. Avez-vous un «hobby» et lequel?

Solange: Étant donné que ma passion pour la peinture est devenue une profession, il ne me reste plus tellement de temps à consacrer aux loisirs.

5. De toutes les grandes questions humaines, quelle est celle qui vous préoccupe le plus et pourquoi?

Solange: La faim dans le monde me déroutera toujours. J'ai horreur de l'injustice et j'ai du mal à accepter le mauvais partage d'une denrée aussi primordiale que la nourriture dans le monde.

6. Si vous étiez nommé premier ministre demain, quels seraient les trois principaux gestes que vous poseriez?

Solange: Tout d'abord, je donnerais ma démission, de peur qu'on me compare à Madame Thatcher... De plus, je déteste le mensonge et je tiens toujours mes promesses.

7. Quel est à votre avis le principal signe de l'intelligence?

Solange: L'humour et la modestie.

8. Quelle musique préférez-vous et qui comme compositeur?

Solange: La musique sud-africaine, la musique classique (à mes heures), les chansonniers qui ont un message à faire passer, comme Brassens, Brel, Leclerc...

9. Quel est votre genre de lecture préféré?

Solange: Toute lecture m'offrant des connaissances nouvelles. Il m'est beaucoup plus facile de donner des précisions sur ce que je n'aime pas: la catégorie est moins vaste... Je n'aime pas les romans à l'eau de rose.

10. En rapport avec la peinture ou l'art en général, vous est-il arrivé une aventure, anecdote cocasse ou triste?

Solange: Il fut un temps où on me donnait beaucoup de commandes de nus. C'était pour moi l'occasion de gagner ma croûte. Peu m'importaient les détails. Un nu est un nu. On m'avait demandé de peindre le nu d'un homme. Celui-là avait toutefois piqué ma curiosité. Il s'agissait d'un homme d'affaires. Il avait d'inhabituel qu'il était énorme. Inhabituel pour un modèle nu, bien sûr...pas pour un homme d'affaires. J'avais envie de peindre ce modèle d'un âge certain et d'une corpulence peu commune. C'était pour moi une expérience fascinante. Un matin, je fus brutalement éveillée par la sonnette d'entrée. L'humeur bourrue, je me rendis à la porte les yeux mi-clos, et quelle ne fut pas ma surprise de l'ouvrir sur mon gros homme d'affaires! Le cher monsieur avait une avance de deux jours et quelques heures, sur le rendez vous que je lui avais fixé. Je lui fis grâce de mon humeur matinale, après qu'il m'eut expliqué l'inflexibilité de ses affaires. Je le fis donc entrer, et l'invitai à passer dans l'atelier, le temps d'enfiler mon sarrau et de rassembler mes esprits. Le modèle me semblait un peu embarrassé. Afin de le mettre à l'aise, je lui fis les politesses d'usage et retournai près du chevalet préparer palette et pinceaux. Mon modèle restait toujours là devant moi, vêtu et les yeux ronds. Je tentai de lui expliquer la vision de l'artiste devant un modèle nu, encore pour le dégêner. Rien ne bougeait, mon bonhomme se tenait encore devant moi, entièrement vêtu. J'allais perdre patience, quand il se décida enfin à parler: «Je veux, dit-il, que vous me fassiez prendre la pose et que vous peigniez un nu de moi en l'imaginant à travers mes vêtements.» Il n'en fallut pas plus pour me réveiller tout à fait. «Monsieur», lui dis-je, «si vous vouliez un portrait de votre visage, porteriez-vous une cagoule? Le même principe s'applique pour peindre un corps». Il poursuivit: «Ce que je veux, c'est que vous fassiez un nu de moi en le peignant par imagination. Je me place devant vous, mais moi je garde mes vêtements. Par contre, vous allez enlever les vôtres.» Je suis demeurée bouche bée pendant quelques minutes, incertaine d'avoir bien entendu ces derniers mots. J'ai repris mes esprits et j'ai perdu mon calme. Je ne vous décris pas la suite. Tout ce dont je me souviens, c'est que ce monsieur est sorti de mon studio à la vitesse de l'éclair.